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Le blé français en quête d’attractivité

FranceAgriMer a revu en légère baisse son estimation d’exportation à destination des pays tiers de –100 000 tonnes à 3,9 millions de tonnes.

Les marchés céréaliers subissent la pression des récoltes et du manque de compétitivité du blé français. De leurs côtés, les oléagineux entament une phase de consolidation après l’envolée des huiles végétales.

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Entre les élections présidentielles et la publication du rapport du département de l’Agriculture des États-Unis (USDA), les États-Unis ont été au centre des attentions la semaine dernière. L’arrivée des récoltes de maïs à travers l’hémisphère Nord et la difficulté pour le blé français de rester attractif mettent la pression sur les marchés céréaliers. Du côté des oléagineux, la flambée des huiles végétales, et notamment de l’huile de palme, semble se calmer cette semaine et une phase de consolidation débute sur l’ensemble du complexe.

Blé : le blé français cherche de la demande

La tendance baissière initiée depuis le début d'octobre se poursuit sur le marché du blé, qui s’affiche en baisse hebdomadaire de –4,25 €/t pour revenir à 210,50 €/t en base juillet rendu Rouen, soit un plus bas depuis deux mois.

Du côté des fondamentaux, la situation évolue peu, à l’heure où les volumes de production semblent connus dans de nombreux pays. Dans son rapport mensuel de la semaine dernière, l’USDA a procédé à quelques ajustements mais le stock mondial ressort presque inchangé à 257,6 millions de tonnes, tout comme le stock chez les huit grands pays exportateurs à 55 millions de tonnes.

Davantage d’incertitudes se portent sur les productions de l’hémisphère Sud, à l’heure où les récoltes débutent en Argentine et en Australie. Face à l’arrivée imminente de ces volumes, la compétitivité du blé français sera déterminante dans les prochaines semaines. Entre la tendance baissière des cours et la correction de la parité euro/dollar, le blé français retrouve peu à peu de la compétitivité.

Quelques chargements sont par ailleurs annoncés à destination du Maroc. Ces échanges sont tout de même les bienvenus à l’heure où l’activité reste limitée en Chine, tandis que l’Algérie se détourne désormais du blé français en raison des relations diplomatiques difficiles entre les deux pays.

Cette semaine, FranceAgriMer a revu en légère baisse son estimation d’exportation à destination des pays tiers de –100 000 tonnes, à 3,9 millions de tonnes, loin des 10,2 millions de tonnes de l’an passé. La récolte catastrophique réalisée en 2024 n’oblige pas les exportateurs français à se montrer très agressifs mais les flux de blé seront à surveiller jusqu’à la fin de la campagne. Une légère révision en baisse de la consommation en alimentation animale et des exportations vers les pays intracommunautaires conduisent les stocks de fin de blé français en hausse, passant de 2,51 millions de tonnes à 2,78 millions de tonnes.

Maïs : accélération tardive de la récolte de maïs en France

Le prix du maïs en France poursuit sa chute entamée depuis le début du mois d’octobre. Sur les quinze derniers jours, il casse même le support psychologique des 200 €/t rendu Bordeaux pour tomber à 196 €/t. Il faut dire qu’une part de la tension sur le complexe fourrager européen, provoquée par l’arrivée tardive de la récolte de maïs, s’apaise avec ce temps sec.

Désormais, 71 % des surfaces ont été battues contre seulement 25 % deux semaines plus tôt. Il faut tout de même remonter à 2013 pour observer un tel retard, d’autant plus que toutes les pertes ne sont pas encore quantifiées. Agreste estime pour l’instant le rendement moyen du maïs à 90,8 q/ha, contre 98,8 q/ha l’an passé.

La hausse des surfaces, entraînée par la difficile période de semis des cultures d’hiver, permet néanmoins à la production hexagonale de monter de +12,6 % sur un an à 14,6 millions de tonnes. Il n’en faut pas moins pour répondre aux besoins européens, déjà renforcés par les mauvais rendements sur l’est du Vieux Continent.

Sur le reste de l’hémisphère Nord, les récoltes de maïs s’approchent de leur terme. D’ailleurs, les retours de terrain incitent l’USDA à ajuster son rendement domestique en baisse, conduisant un repli de la production de –1,5 million de tonnes à 384,64 millions de tonnes. Malgré la très bonne dynamique des ventes à l’exportation américaines, l’office américain ne touche pas encore à son objectif à l'exportation.

D’ailleurs, c’est le Mexique qui est actuellement l’élément moteur de la demande internationale, occultant en partie le ralentissement des achats chinois. Ce ralentissement est petit à petit officialisé par l’USDA qui abaisse l’objectif  l'importation de l’empire du Milieu de –3 millions de tonnes à 16 millions de tonnes. À moyen terme, les opérateurs seront vigilants à l’évolution des relations commerciales entre les deux pays.

Colza : prise de recul en Malaisie avec le rapport du MPOB

La publication du rapport malaisien du Malaysian Palm Oil Board (MPOB) sur son bilan en huile de palme vient confirmer la tension persistante sur ce marché. Du point de vue de la production, le pic saisonnier atteint généralement en octobre est plus faible cette année. Celui-ci ressort juste en dessous de 1,8 million de tonnes, soit près de 150 000 tonnes en dessous du mois d’octobre 2023.

En parallèle, les exportations sont des plus dynamiques et atteignent un niveau record à l’échelle mensuelle de 1,7 million de tonnes, ce qui met en lumière les faibles stocks des principaux pays importateurs asiatiques qui ont propulsé à la hausse les prix de l’huile de palme depuis le début du mois de septembre.

Enfin, la tension est également palpable en Indonésie, autre grand exportateur, alors qu’en janvier prochain, la hausse des mandats dans le secteur du biodiesel devrait soutenir encore davantage la demande locale. Fort d’un besoin de rationnement immédiat, l’accélération haussière continue sur le marché des huiles végétales. L’huile de colza et de tournesol suivent la même tendance en atteignant respectivement 1 160 €/t et 1 200 €/t à Rotterdam.

Du côté de ses propres fondamentaux, Agreste revoit en légère hausse la production française de colza à 3,88 millions de tonnes. Il s’agit toutefois d’une chute de la récolte française de –9,4 % sur un an, ce qui contribue activement à la hausse de la graine. Pour combler ces pertes, le bilan européen présente donc d’importants besoins à l’importation.

Entre le suivi des flux du canola canadien et l’évolution des perspectives de production en Australie, les prochains rapports de l’Australian Bureau of Agricultural and Resource Economics (Abares) et de l’agence gouvernementale canadienne de la statistique (StatCan) du début de décembre seront suivis de près. Dans ce contexte, la hausse continue pour la graine de colza Fob Moselle qui réalise cette semaine de nouveau plus haut de campagne à 542 €/t Fob Moselle.

Soja : prix des tourteaux toujours sous pression

À la fin de la semaine dernière, l’USDA a surpris bon nombre d’opérateurs en coupant plus qu’attendu la production américaine de soja. À 3,48 t/ha, le rendement n’y est plus record, tout comme la production désormais estimée à 121,42 millions de tonnes, bien que cela reste très proche du record de 2021.

C’est ainsi que les bilans américains et mondiaux s’allègent quelque peu. Pourtant, même en prenant en considération les toujours très bonnes ventes à l’exportation de la graine américaine, ce n’est pas suffisant pour mettre à mal les disponibilités mondiales en soja.

Il faut dire que les pluies de ces dernières semaines rassurent en Amérique latine. En Argentine, les semis s’accélèrent avec désormais 20,1 % des surfaces emblavées selon la Bourse de Buenos Aires. Au Brésil, la période de semis touche à sa fin dans les grands États producteurs comme le Mato Grosso. D’ailleurs, les conditions rassurantes poussent The le National Supply Company (Conab) à très légèrement augmenter la production brésilienne de soja au nouveau record de 166,14 millions de tonnes.

Outre ces importants volumes de soja, la fermeté actuelle des huiles végétales incite à la trituration, tant au Brésil, qu’en Argentine ou aux États-Unis. C’est ainsi que l’excès de tourteaux observé sur le marché met les cours sous pression des deux côtés de l’Atlantique.

L’Europe n’y échappe pas, et ce d’autant plus que le Parlement européen a officialisé le report d’un an de la loi contre l’importation de produits issus de la déforestation, nouvelle saluée par les importateurs. Dans ce contexte, le tourteau de soja tombe à 372 €/t sur le spot délivré Montoir, contre 398 €/t deux semaines plus tôt, soit son plus bas niveau depuis septembre 2020.

À suivre : repli de la parité euro/dollar ; dynamique des fonds, compétitivité des céréales françaises, fin des travaux des champs en France, rythme des exportations de céréales russes, rythme des exportations de maïs et soja au départ des Etats-Unis, relations commerciales internationales des Etats-Unis, tension du bilan de l’huile de palme, suivi des importations de colza en Europe…

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